Humazooïques – intention

La Panne

L’historique :

Le projet Humazooïques a été conçu en 2000. Il a été décidé, à ce moment-là, de l’architecture du projet en trois  volets, tels qu’ils sont expliqués ci-dessous.

Le lexique :

Humazooïques est un néologisme qui désigne l’ensemble de mon oeuvre photographique.

On y retrouve l’adjectif “humain”, valeur qui est au coeur de mes préoccupations photographiques et philosophiques. Intervient également le terme “zoo”, au sens d’un capharnaüm qui n’est qu’apparent. Enfin, le dernier élément , “ïques” suggère la mosaïque entendue comme un assemblage d’éléments hétérogènes destinés pourtant à produire une cohérence implicite.

La structure :

Humazooïques se présente comme un organisme vivant à trois têtes, une sorte de Cerbère artistique où les trois entités dialoguent entre elles pour construire un langage qui se voudrait toujours neuf.

De la Nature des Choses traite de l’Inanimé.

De la Nature des Etres est dédié au Vivant.

De la Nature de l’Art propose en images une réflexion sur les modes de la création artistique.

Choix philosophiques :

Nos comportements, notre mode de consommer, notre langage, notre façon de concevoir autrui, la société, le monde et même ce qui nous attend ou non à notre mort, ressortissent d’options philosophiques qui ont traversé les siècles.

J’emprunte au matérialisme philosophique d’Epicure, de Démocrite et de Lucrèce, ainsi qu’à la physique, l’idée que toute la matière est constituée d’un nombre fini d’atomes, dont les combinaisons aléatoires et infinies produisent tout ce qui existe. La référence la plus adéquate pour rendre compte d’Humazooïques serait  le tableau périodique des éléments de Mendeleev, qui répertorie tous les éléments chimiques existants ou connus à ce jour, selon leur configuration électronique.

Humazooïques se veut symbiotique et syncrétique.

Au coeur du projet Humazooïques se trouve la tension dialectique entre ordre et désordre, construction et entropie, structuration et chaos. Quand bien même Humazooïques propose une systémique liée à un substrat artistique et philosophique, elle n’impose pas un système clos, mais plutôt une sorte de vaste organisme à l’intérieur duquel les échanges, les altérations, les attractions du vivant sont possibles. Ainsi, chaque photographie devient une sorte d’électron qui, selon des affinités à déterminer, ou mieux, à inventer, peut s’agglomérer à d’autres particules pour former un ensemble momentanément. Cette attraction est non nécessaire et de ce fait, susceptible de se dissoudre à nouveau dans le grand Tout d’Humazooïques. Le hasard, dont on sait qu’il joue un rôle essentiel dans la structuration de l’univers, peut parfois intervenir dans les attractions qui ont lieu au sein d’ Humazooïques.

Pour arriver à ce résultat, après 20 ans de recherche et de production, il s’est révélé urgent de procéder à une sélection des images propres à fonctionner entre elles. Les autres, qui sont écartées, devant être considérées comme des avatars, des exercices ou tout simplement des ratés…

Humazooïques part donc d’un ensemble d’élaborations verticales (les séries juxtaposées) que je m’emploie désormais à démembrer pour  proposer, après sélection, des regroupements horizontaux qui forment de nouvelles structures toujours mouvantes. Rien toutefois n’empêche de revenir à la série, sachant qu’Humazooïques se conçoit dans la souplesse, l’invention et la regénération.

Humazooïques propose des questionnements sur le sens ou le non-sens de notre existence, de notre humanité, sans que des réponses précises puissent véritablement être dégagées, ce qui, soit dit en passant, constitue le lot de quiconque se livre à une réflexion philosophique approfondie.

Sous son apparente diversité, Humazooïques manifeste une unité de fond qui procède de ma manière de regarder le monde et moi-même. Ainsi, pour celui qui veut s’en donner la peine, il est assez simple de dégager le substrat de significations, de perceptions et d’interprétations qui ont guidé la construction d’ Humazooïques. C’est pourquoi aussi des milliers de photos possibles n’ont jamais été réalisées car elles ne correspondaient pas à ce substrat.

Il me paraît important de souligner qu’Humazooïques contient également une approche sociologique très marquée.

Implications esthétiques :

Les séries pouvant être démembrées, l’approche du temps de la création se trouve lui-même chamboulé : étant toutes issues du même substrat philosophique et artistique, des photographies réalisées à des intervalles temporels éloignés peuvent être mariées pour produire du sens ou de l’émotion. Tout comme dans cet organisme photographique, la frontière entre le noir et blanc et la couleur n’apparaît plus comme  pertinente. Quant à la variation des formats à la prise de vue et au tirage, elle devient un élément essentiel d’ Humazooïques.